Jeûnes

Introduction

Que ce soit dans un milieu naturel ou en terrariophilie, le jeûne est un phénomène normal dans la vie d’un serpent. Cependant, il pose souvent problème aux terrariophiles qui par leurs volonté de bien faire sur-nourrissent trop souvent leurs espèces captives.

 

Définition

Pour bien comprendre cette phase, il est important d’en comprendre son sens. À ce stade et selon la définition de Wikipédia, nous pouvons relever trois étapes importantes:

Le jeûne est la privation, volontaire ou non, de nourriture, accompagnée ou pas d’une privation de boisson…

Diverses expériences ont montré sur le modèle animal qu’une restriction alimentaire non excessive prolonge la durée de vie de nombreuses espèces.
Les animaux malades, blessés ou en hibernation réduisent leurs apports en nourriture.
 

Dans la nature

Le jeûne peut être dû à différents facteurs liés directement à la prédation, comme le démontre la phrase 1 de la définition ci-dessus. L’absence de proies provoquera automatiquement et involontairement un jeûne des serpents. En dehors d’ophiophagie, c’est un élément que l’on peut facilement observer sur « l’îles aux serpents« .

La santé de l’animal joue un rôle important, comme le démontre la 3ème phrase de la définition. Mais en dehors des cas de maladies ou d’hibernation, il y a tout un phénomène lié directement à la survie de l’individu, et par conséquent, de l’espèce. Un serpent, comme tout être vivant, doit trouver le bon compromis dans la dépense de l’énergie. Il y a en effet des ratios scientifiquement vérifiables entre la taille des proies, la fréquence de repas et les d’autres paramètres comme la capacité à chasser, fuir et se reproduire. Si le serpent mange trop peu, il n’aura pas assez d’énergie pour chasser, digérer, fuir et entamer une phase de reproduction. Le cas d’un sur-nourrissage provoque les mêmes problématiques à ceci près que celui-ci peut-être volontaire pour emmagasiner de l’énergie en vue d’hibernation et de reproduction. Des serpents moyennement massifs comme les Morelia mangeront probablement de plus grosses proies et en plus faibles quantités que des espèces très actives comme les Oxyuranus.

La durée de vie d’un serpent en période de jeûne n’est pas compromise dans de cours délais. Prenons l’exemple ou un serpent entre en phase de mue et cesse de se nourrir malgré la potentielle abondance de proies. Arriverait alors une période météorologique défavorable à la chasse (mousson, averse, hibernation, sécheresse, etc.) sur une période d’environ 7-8mois. Le serpent ne se sera pas nourris pendant 7 à 9 mois. Il aura certainement maigris un peu, mais survivra en réduisant ses dépenses énergétiques.
 

En terrariophilie

Il n’a pas encore été prouvé scientifiquement qu’en terrariophilie une espèce sera moins stressée que dans la nature, bien que l’on peut aisément le laisser penser, sans trop se tromper, que les facteurs de stress sont grandement diminués par l’absence de prédateurs (excepté l’homme, notamment dans les cas de manipulation) mais également par l’absence de variations saisonnières. En effet, pour les terrariophiles qui engagent des périodes d’hibernation à leurs individus, la méthodologie diffère de la nature par son côté plus strict et régulier des changements de température et de luminosité, voir d’hygrométrie dans les cas les plus extrêmes.

Nous savons par logique que les serpents sont tout à fait capables de se gérer d’eux-même en terme de prédation et de jeûnes, mais également qu’ils sont très opportunistes, alors qu’en terrariophilie, la sur-nourrissage cause dans plus de 90% des situations des cas d’obésité morbide. C’est alors au terrariophile de comprendre le besoin de l’animal en l’observant mais également et surtout, en comprenant son biotope naturel car même s’il n’y est plus depuis plusieurs générations, la période est trop courte pour que des changements se soit effectués à l’échelle génétique, garantissant une adaptation aux modes de vie que le terrariophile offre à ses individus.

D’anciennes méthodes proposaient aux terrariophiles de ne pas nourrir les serpents en phase de mue car leurs vision en est alternée par le liquide exuvial provocant un stress pour l’animal à l’arrivée de la proie. On sait aujourd’hui que c’est faux, même s’il peut arriver que des serpents jeûnent durant cette période.

D’autres facteurs physiologiques peuvent provoquer un jeûne ou au contraire provoquer un comportement de chasse, mais aucune donnée n’a encore été vérifiée. Par exemple, il y a eu ce cas ou un jeune Trimeresurus albolabris ne mangeait rien et la réadaptation de son biotope, c’est à dire, avoir rehausser toutes les branches d’environ 2cm l’a fait démarrer. Il n’y a cependant aucune preuve formelle que ce soit le stress, ou le fait d’une forme de relocalisation ou encore d’un rehaussement des éléments du biotopes qui a permis l’ingurgitation de la proie.

La maturité sexuelle des serpents est en moyenne de 3 ans pour les mâles et 4 ans pour les femelles et déterminant de la longueur du museau au cloaque (la SVL pour « snouth vent-length ») et du poids de l’animal, variables selon les familles. En terrariophilie, il n’est pas rare de voir se reproduire des serpents âgés d’un an à un an et demi. Ceci démontre bien que leur croissance est plus importante que dans la nature et par conséquent, que les espèces sont moins soumises au jeûne que dans la nature.

Les cas de maladies ne sont pas rares en terrariophilie et peut être une des causes de jeûne d’un ophidien. Il convient alors de s’assurer des différents paramètres qui entourent la biologie du serpent et de les croiser avec la recherche symptomatique de maladie. Cependant, il est courant de dire qu’une espèce n’est pas maigre tant que l’on ne voit pas sa colonne vertébrale.
 

Conclusion

Le jeûne est un processus normal des espèces carnivores, dont font partie les serpents. Le texte ci-dessus est d’ailleurs confirmé par de nombreuses études dont font également référence DE CARVALHO, José Eduardo, DE ANDRADE, Denis Vieira, et MILSOM, William K. dans leurs publication de 2016 intitulée « Effects of feeding on the respiration of ectothermic vertebrates. Amphibian and Reptile Adaptations to the Environment: Interplay Between Physiology and Behavior, 2016, p. 115. » et dans laquelle nous avons traduit la première phrase:

De nombreux vertébrés ectothermes sont des carnivores opportunistes qui ingèrent de gros repas à intervalles irréguliers (Greene 1997, Secor et Diamond 1998, 2000, Secor 2001, Secor et Boehm 2006, Cocker-Butar et Secor 2014).

 

Source:
DE CARVALHO, José Eduardo, DE ANDRADE, Denis Vieira, et MILSOM, William K. Effects of feeding on the respiration of ectothermic vertebrates. Amphibian and Reptile Adaptations to the Environment: Interplay Between Physiology and Behavior, 2016, p. 115.