Introduction
Il est courant en terrariophilie d’ajouter une lumière artificielle aux terrariums. Les éleveurs, soucieux du bien être de leurs espèces, ou souhaitant améliorer la visibilité qu’ils ont de leurs individus captifs auront alors un système allant du simple au complexe.
Solutions courrantes
Les ampoules et tubes néons, de marques spécialisées ou non, sont les solutions les plus courantes. Mais il n’est pas rare, notamment avec la hausse de terrariums naturels, de voir des LEDs ou des systèmes simulant une aube et un crépuscule. Ces différents systèmes peuvent alors faire partie d’un complexe servant, conjointement ou non, d’apport en température et/ou, en U.V. Certains poussent le vice plus loin encore avec des installations domotisées.
De manière générale, on note chez la majorité des éleveurs le constat que la luminosité naturelle de la pièce, perçue ensuite dans les terrariums n’est pas suffisante. Ce qui peut être vrai dans bon nombres de cas selon l’emplacement des installations. Un simple régulateur allumant et éteignant les luminaires à une intervalle en heure d’environ 12/12 est alors mis en place.
La conclusion est alors claire. Les serpents ont besoin de lumière pour reproduire un cycle naturel d’activité. Les terrariophiles l’ont d’ailleurs compris puisque, dans leurs recherche de reproduire le cycle de reproduction de l’animal, simulent l’augmentation et la diminution de la luminosité en vue de l’hibernation post-production que l’on peut trouver naturellement à l’état sauvage par les cycles saisonniers
Ce que nous dit la science
La pupille
Nous en avons fait le thème principale de la page sur la vue des serpents. Nous ne reviendrons donc pas sur sur ce sujet mais nous encourageons vivement sa lecture préalable.
Comportements
Le plus grand avantage d’une lumière nocturne, par exemple via les reflets de la lune, est qu’elle offre une meilleure visibilité des proies. Bien entendu, cela est également potentiellement le plus grand désavantage des serpents face à leurs prédateurs nocturnes. Mais derrière ces évidences se cachent des faits beaucoup plus intéressants sur le comportement des espèces. En effet, bien que lointaine, une étude de 1989 tente à démontrer que les Echis coloratus ne subissent aucune influence comportementale sur le choix du site de chasse (par ambuscade), contrairement à Crotalus cerastes dont la phase de la lune à fait varier leurs sites de sélections (KLEM JR, Daniel., 2007). Plus loin encore, les Sistrurus miliarus juvéniles semblent plus utiliser le leurre caudale dans le noir que dans une quelconque luminosité (KLEM JR, Daniel., 2007). Les Crotalus viridis semblent diminuer leurs activités de chasse durant les périodes de grandes intensités lumineuses (KLEM JR, Daniel., 2007).
Les données présentent ci-dessus concordent avec une étude menée plus récemment, en 2013, qui démontre que, pour les serpents, la luminosité a un impact comportementale pour certaines espèces qui cherchent à s’adapter, permettant d’augmenter leurs chances de camouflage des proies et des prédateurs (KRONFELD-SCHOR, Noga, DOMINONI, Davide, DE LA IGLESIA, Horacio, et al., 2013).
Des études se sont également intéressées à la taille des serpents. L’une d’entre elle, consacrée aux Thamnophis sirtalis mélanistiques a démontrée que les femelles gravides, plus grandes et plus larges avaient un indice corporel plus chaud que les femelles non gravides et les mâles, plus petits. La coloration de la peau influence donc directement la température corporelle (BITTNER, Tonya D., KING, Richard B., et KERFIN, James M., 2001). Ce critère n’est à notre connaissance, bien que probablement peu déterminant, un facteur jamais pris en considération par les terrariophiles tandis que, hormis dans le cas des LED, la lumière est également une source de chaleur.
Dans la nature, les effets de « pollutions lumineuses » produites par les villes semblent également tendrent vers un impact négatif pour les ophidiens (KLEM JR, Daniel., 2007; PERRY, Gad, BUCHANAN, Bryant W., FISHER, Robert N., et al., 2008).
Conclusion
La luminosité impacte directement les comportements des ophidiens. Ainsi, dans le cadre de la terrariophilie, le choix devrait être fait et/ou adapté après lectures d’études ou d’observations personnelles suivant de nombreux critères tel que les sites de chasses, de repos ou de pontes, de température mais également adapté aux mœurs du serpent. En effet, la forme de la pupille s’étant adaptée à une biologie et écologie spécifique, faire les bons choix de paramètre lumineux peut très certainement offrir une meilleure vie aux individus captifs. Malheureusement, peu d’étude permettent actuellement de définir l’intensité lumineuse perçus par les reptiles au cours de leurs journées.
Sources
KLEM JR, Daniel. Ecological consequences of artificial night lighting. The Wilson Journal of Ornithology, 2007, vol. 119, no 3, p. 519-521.
DAVIES, Thomas W., BENNIE, Jonathan, INGER, Richard, et al.Artificial light pollution: are shifting spectral signatures changing the balance of species interactions?. Global Change Biology, 2013, vol. 19, no 5, p. 1417-1423.
PERRY, Gad, BUCHANAN, Bryant W., FISHER, Robert N., et al.Effects of artificial night lighting on amphibians and reptiles in urban environments. Urban herpetology, 2008, vol. 3, p. 239-256.
LASZLO, Jozsef. Observations on two new artificial lights for reptile displays. International Zoo Yearbook, 1969, vol. 9, no 1, p. 12-13.
PERRY, Gad et FISHER, Robert N. Night lights and reptiles: observed and potential effects. Ecological consequences of artificial night lighting, 2006, p. 169-191.
BITTNER, Tonya D., KING, Richard B., et KERFIN, James M. Effects of body size and melanism on the thermal biology of garter snakes (Thamnophis sirtalis). Copeia, 2002, vol. 2002, no 2, p. 477-482.
KRONFELD-SCHOR, Noga, DOMINONI, Davide, DE LA IGLESIA, Horacio, et al. Chronobiology by moonlight. Proc. R. Soc. B, 2013, vol. 280, no 1765, p. 20123088.